Catégorie : Lieux intérieurs 2018-2019

Jahid

Je me rappelle de la date, c’était vers le 24 juin, parce que cet été ma mère m’a dit : « ça fait cinq ans que Jecym est mort ». Je devais avoir cinq ou six ans. C’était chez ma grand-mère, au salon, sur le canapé, à Besançon. On était tous assis, avec mes cousins, on était une dizaine. Mon oncle est venu, par politesse je lui ai donné la télécommande. Il a vu les informations et ils ont dit qu’il y avait eu un grave accident à Marseille. Et il y avait ma tante qui avait laissé son fils à Marseille, parce qu’il était déjà grand, il avait 17-18 ans. Du coup elle a téléphoné, et au début ça ne répondait pas, et après un policier a répondu, il a dit que son fils avait eu un accident et qu’ils étaient trois dans la voiture. Ma tante était allée s’isoler pour répondre au téléphone. Elle est revenue pour dire que son fils était hospitalisé. Elle est repartie directement à ce moment-là. Nous on était sortis, parce qu’on n’était pas bien, et après on est revenus dans le salon. Tout le monde a paniqué. Et après le policier a rappelé deux ou trois heures après, en disant que mon cousin était mort. Du coup après tout le monde a commencé à pleurer. Quand mon autre tante a appris la nouvelle elle a tapé sur le mur, elle a crié « non ! ». C’est mon père qui nous a annoncé que mon cousin était mort. Il nous a dit qu’il avait eu un accident, que c’était le seul qui était décédé sur les trois dans la voiture, lui n’avait pas le permis, c’est son copain qui avait le permis, il était un peu alcoolisé, il a fait n’importe quoi, il a pris la route à contresens, du coup il a fait un accident, et mon cousin était passager avant. On a ressenti de la tristesse, on était tous proches entre cousins, il s’appelait Jecym, j’ai beaucoup pleuré les premiers jours. Mes parents essayaient de nous consoler, mais même eux ressentaient de la tristesse du coup c’était bizarre. Tout le monde pleurait. Après ils sont revenus avec le corps, pour l’enterrement, parce que toute ma famille est à Besançon et mon grand-père a dit qu’il voulait que toute sa famille soit enterrée à Besançon. Je suis allé à l’enterrement. Ce moment m’a tellement marqué que j’y pense tous les jours, encore aujourd’hui. Je vais sur sa tombe une fois tous les deux mois. On passe voir d’autres morts en même temps, mon grand-père, mon oncle. Et ça m’a marqué parce que deux semaines avant ça mon oncle est mort.

N.A.

C’était vers le 21 mai 2017. Il devait être midi, et ça a duré jusqu’à 22h. C’était à Paris Bercy, à l’Accor Hôtel Arena. C’était le championnat du monde de hockey, et mon père m’y a emmené. Il y avait mon équipe préférée qui jouait : les Canadiens. On a pris le train à la gare TGV, on a pris le métro après. Dans le train j’étais décontracté, ça allait. Il faisait beau, il y avait du soleil, il n’y avait pas de nuages. Après, quand on est arrivés à Paris, c’était immense, il y avait des gens partout. On sort, je vois un gros dôme en verre, il y a plein de monde partout. On s’est dirigés vers le métro. En sortant, je vois un immense truc : mon père m’a dit que c’était là qu’on allait voir le championnat. On est entré dans l’enceinte de l’hôtel, les mascottes nous accueillent dans le hall (c’était Astérix et Obélix), on a fait une photo. Il y avait des gens avec plein de maillots différents, des gens avec des casques, des gens coiffés en rockeur, une grande file d’attente. On rentre, il y a plein de couloirs, plein de gens, des escalators, des tribunes immenses, qui pouvaient accueillir au moins 2400 spectateurs. On s’est installés, on a regardé le premier match. Le dernier était celui des Canadiens. Il y avait des gens avec des tambours, des gens qui criaient, en finlandais ou en norvégien, des gens maquillés, des gens habillés de façon différente, soit avec le maillot ou quelque chose de leur équipe. Moi je me suis habillé avec le maillot de mon équipe préférée. J’ai pris des drapeaux de mon équipe, j’en ai pris un stock ! Mon match préféré était le dernier, mais malheureusement ils ont perdu. Le moment crucial était les prolongations : je vois mon équipe qui tire, qui rate, ils étaient à 0-0, le goal l’arrête, les Suisses récupèrent le palet, mon gardien préféré n’était pas là, et les Suisses marquent, déception totale ! Je me suis dit, c’est pas possible, ils avaient gagné cinq fois d’affilée et là défaite ! C’était mon plus beau moment malgré la défaite. Le Canada, c’est les best !

Demandez-leur quel est le jour le plus important de leur vie, et laissez-les parler librement…

« – C’était vers le 21 mai 2017, à Paris Bercy…

– C’était en 2015, en août, à Barcelone…

– C’était en 2013, en début d’année, à Paris…

– C’est quand je suis partie en vacances en Normandie, en 2016…

– C’était l’année dernière, entre le 13 et le 15 juillet, à Paris…

– C’est arrivé l’année dernière, un voyage à Barcelone…

– C’était quand j’avais six ans : première fois que j’allais en Turquie…

– C’était il y a deux ans, en 2016, en été, à Argelès…

– C’était le 12 juillet 2018 : mes parents nous ont annoncé qu’on allait partir en Corse pour les vacances…

– C’était le 20 avril 2018, lors d’un voyage en Australie…

– C’était quand je suis allée pour la première fois à Paris, en 2007…

– C’était en août dernier : ma mère voulait revoir une amie d’enfance, et mon père a parlé d’aller la voir, à Paris…

– C’était en 2018, à l’Axone à Montbéliard, une grande salle de fête, de concert et de sport…

– C’était au championnat d’athlétisme, le 7 juin 2017…

– C’était en Tunisie, le 29 octobre 2017 à Sidi Bou Saïd : c’est la première fois que j’y allais…

– C’était le samedi 24 mai 2014 : j’ai embarqué pour une croisière, à Marseille…

– C’était le 9 ou le 10 septembre 2009, c’était trois ou quatre jours après la naissance de mon frère, quand je suis allé le voir à l’hôpital…

– C’était à mes 5 ans, le jour où ma sœur est née…

– C’était le 14 septembre 2012, le jour où mon frère est né…

– C’était en 2016, quand j’ai appris que j’allais être tonton…

– C’était le 12 juin, première fois que j’ai fait mon premier bisou…

– C’était cet été, en juillet, dans le sud de la France, dans un camping : la France a gagné la Coupe du Monde…

– C’est arrivé quand j’étais en CM1, à Belfort, au Conservatoire…

– Cela s’est passé le premier week-end des vacances d’été 2017…

– C’était fin mars, l’année dernière, à Danjoutin : je pars en vélo, et dans la précipitation, je ne prends pas mon casque…

– Je me rappelle de la date, c’était vers le 24 juin, ce moment m’a tellement marqué que j’y pense tous les jours, encore aujourd’hui… »

%d blogueurs aiment cette page :